CHÈRE LECTRICE, CHER LECTEUR, 

Les motivations à l’origine des changements vont de l’urgence de la survie quotidienne au « luxe » de la curiosité la plus pure. Deux forces contradictoires sont alors à l’œuvre : la volonté de tout changer ou presque et l’ambition de conserver au maximum les acquis en les préservant du changement. Évidemment, elles sont aussi unilatérales et vaines l’une que l’autre. 

Depuis que l’homme sait façonner son environnement et simplifier son existence grâce à des outils, il s’efforce de se ­reposer un maximum sur la technique et de changer sa façon d’être aussi peu que possible. 

Pourquoi est-il si difficile de changer notre comportement ? Et, qu’est­-ce qui nous y incite malgré tout ? De nouvelles technologies ? D’autres lois et règlements ? Plus de raison et de discernement ? De bons modèles ? L’argent ?

Mais avant et surtout, il faut un but ! Référons-nous ici à une citation que l’on prête au philologue et philosophe ­Friedrich Nietzsche : « Celui qui possède un pourquoi qui le fait vivre peut supporter tous les comment. »

Si, compte tenu de la densité du tissu social et des ­multiples interdépendances, le changement en soi ne peut constituer un but, la Stratégie énergétique 2050, en revanche, en fixe un. Elle accompagne la Suisse dans l’inexorable transformation de son système énergétique vers la mondialisation et la décentralisation.

Dans cette édition du magazine E&, nous entendons ­aussi montrer comment atteindre les objectifs énergétiques : de l’énergie nécessaire à l’accomplissement des tâches quoti­diennes au sport de haut niveau, dans lequel on ne saurait réussir à établir régulièrement de nouveaux records sans déployer un maximum d’énergie, de passion et de discipline.

Les principes ne s’appliquent pas uniquement à la sphère politique ou à l’entreprise (par exemple, au gérant d’une centrale hydroélectrique) mais à chacun de nous à sa propre échelle.

Les programmes nationaux de recherche « Virage éner­gétique » (PNR 70) et « Gérer la consommation d’énergie »
(PNR 71) entrent dans leur phase finale. Depuis le début des projets, quatre années se sont écoulées. Les chercheuses et chercheurs ont acquis de nouvelles connaissances importantes dans de nombreux domaines et échangé avec différents ­acteurs. Bien entendu, la transformation du système énergétique et les travaux de recherche menés en ce sens sont encore loin d’être terminés. Il est pratiquement impossible d’évaluer les avancées qui seront accomplies d’ici à 2050, l’échéance fixée pour la stratégie énergétique en vigueur.

Les programmes nationaux de recherche 70 et 71 ont donné les impulsions nécessaires pour avancer sur la voie de la transformation, un défi que les acteurs de l’économie et de la recherche énergétique ainsi que la société tout entière s’apprêtent à relever. Nous espérons que cette dernière édition du ­magazine E& suscitera l’enthousiasme de la prochaine génération pour les enjeux fascinants qui relèvent de la transfor­­m­ation du système énergétique.